Appel à Communications > Axes de Questionnements proposés

Axes de questionnement proposés

Partant des éléments précédents, 3 axes de réflexion sont proposés à discussion durant le colloque :

Axe 1 – Terminologie, Epistémologie et Méthodologie

Si l’objet premier du colloque est celui des pratiques professionnelles (axe 2) et de la formation (axe 3), il importe de questionner en amont les définitions de l’objet « éducation par ‘la nature’ » et les filiations historiques et disciplinaires qu’il entretient avec de précédents mouvements, décrits en histoire des sciences de l’éducation (Martel & Wagnon, 2022 ; Roy, 2021) et en sciences de l’éducation à l’environnement (Sauvé, 1997 ; Pineau & al., 2005), entre autres. Quels liens « l’éducation par ‘la nature’ » entretient-elle avec d’autres paradigmes ou concepts fructueux qui l’ont précédée et la questionnent, tels que ceux d’ « éducation relative à l’environnement » (Sauvé & al., 2017), d’ « écoformation » (Pineau & al., 2005), d’ « éducation ancrées dans le milieu » (Lloyd & Gray (2014), d’ « expérience de nature » (Fleury & Prévôt, 2017) – pour n’en citer que quelques-uns. En amont même de ce questionnement sur le lien entre éducation et « nature », se posera évidemment la question de la définition du terme de « nature », dans ses ramifications plurielles. Cela convoquera le champ de l’écologie (cf. Prévot, 2021) qu’on verra nécessairement dialoguer avec d’autres champs, tels celui de l’anthropologie (cf. Descola, 2005).

Dans ce même axe, on proposera aussi à la discussion la question des frontières disciplinaires et des connaissances associées en ce qui a trait à la définition même de l’éducation par « la nature ». Au vue de l’ancrage disciplinaire des recherches citées précédemment, l’éducation par la nature apparaît comme un objet intrinsèquement transdisciplinaire, à mi-chemin entre sciences de l’éducation et sciences de l’environnement, d’une part. D’autre part, du fait même qu’elle interroge les liens intra et inter-espèces, un objet de la sociologie, de la philosophie, de l’anthropologie, de l’écologie et de l’éthologie, entre autres (cf. Trocmé-Fabre, 2022). Par conséquent, quelles précautions – épistémologiques et méthodologiques – devons-nous avoir, en tant que scientifiques, lorsque l’on approche des objets de recherche qui dépassent nécessairement nos champs disciplinaires ?

Se posent enfin les questions d’ordre méthodologique. Par quels outils et démarches observe-t-on, recueille-t-on et analyse-t-on les pratiques éducatives situées dans l’environnement dit « naturel » ? Les paradigmes interactionnistes, et l’attention qu’ils portent à l’analyse de l’action via les dynamiques langagières en interaction (Nicolas, 2019), par exemple, peuvent-ils constituer une porte d’entrée vers l’analyse des pratiques ? Les recueils de verbalisations par entretiens (biographiques, semi-directifs, d’auto-confrontation, d’explicitation, etc.) participent-ils à la fois à la compréhension des pratiques et à la formation des acteurs de terrain ?

Axe 2 : Pédagogie et Environnement : la conduite régulière d’enfants dans des environnements dits « naturels » suppose de questionner en même temps les dimensions pédagogiques de l’accompagnement et leur impact sur l’environnement. L’éducation étant toujours contextualisée, ancrée dans un milieu, il importe de questionner les conduites pédagogiques dans la proximité qu’elles entretiennent avec les éléments végétaux, animaux et minéraux. Dans quelle mesure cette dynamique éducative, relativement récente sur le territoire français, suppose-t-elle une adaptation des postures des professionnel.le.s de l’accompagnement des enfants en contexte extérieur ? Quels sont les gestes pédagogiques pertinents face à ces situations éducatives inédites pour de nombreux/ses professionnel.le.s ? Comment les pratiques des professionnel.les et leurs croyances impactent-elles à la fois les activités menées par les enfants au contact des autres éléments du vivant et sur ce vivant lui-même ? Quels sont les rituels pédagogiques qui rythment les séances dehors ? Quelles innovations éducatives pourraient émerger dans et par ce contexte dit « naturel » ? Quelles conduites d’accompagnement se manifestent-elles de la part des adultes durant les séances dehors : comment gèrent-ils des groupes d’enfants dans des milieux extérieurs, qu’il s’agisse de pratiques de jeu libre ou bien d’activités davantage dirigées ?

Axe 3 : Didactique et Formation : Les dimensions formatives de l’accompagnement des pratiques éducatives par « la nature » sont forcément interrogées dès lors que l’on observe ces pratiques. Comment le système de formation – universitaire et/ou professionnelle – des accompagnateurs d’enfants (éducateurs petite enfance, éducateurs spécialisés, enseignants, animateurs nature, etc.) répond-il aux besoins des adultes exerçant ou se destinant à exercer la démarche d’éducation par « la nature » ? Quelle insertion peut-on envisager au sein des programmes de formation pour adultes, insertion qui soit à la fois capable de créer du lien avec les contenus existant au sein des maquettes et de proposer des contenus spécifiquement adaptés à l’accompagnement des enfants en extérieur ? Faut-il, d’ailleurs, penser « intégration » ou bien « construction » de programmes de formation nouveaux et parallèles ? Comment, sur ce point précisément, les recherches et les recherches-actions participatives menées en France et dans d’autres pays peuvent-elles aider à l’analyse des besoins des professionnel.le.s et à une intégration efficace dans le système de formation ?

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